Ayant fait un burn-out, et après plusieurs années de réflexion et de travail sur le stress, je partage avec vous quelques pistes de compréhension de ce phénomène encore bien mal compris.
Il y a 6 ans, je suis rentrée dans le cabinet de mon médecin traitant en larmes, le suppliant de me donner quelque chose pour me faire tenir jusqu’à ma prochaine «deadline » deux semaines après.
Il m’a fallu deux semaines sous antidépresseurs et anxiolytiques, à aller au travail comme si de rien n’était et tenir ma sacro-sainte deadline, pour m’apercevoir que quelque chose ne tournait pas rond.
Mais après un arrêt travail suivi d’un mois de vacances, j’ai sincèrement pensé que je pouvais y retourner.
Quelques mois après mon retour, un matin, je ne me suis plus levé. Pendant 2 mois.
Un processus encore mal compris
Depuis quelques années, tout le monde parle du burn-out c’est presque devenu banal : « je suis en train de faire un burn-out », « je suis complètement burn-outé », «celui-là, il est vraiment en plein burn-out », etc…
La réalité, c’est que la plupart du temps, le burn-out est incompris. Le burn-out, ce n’est pas de la simple fatigue au travail, ni une simple manifestation ou réaction émotionnelle. Le burn-out est une réelle rupture, qui peut être assez brutale, et qui touche la personne dans son ensemble, au niveau cognitif, émotionnel et physique.
Le burn-out, c’est le moment où l’on a littéralement brûlé nos ressources internes qui nous permettent de fonctionner à peu près normalement face à des situations perçues comme stressantes. C’est le moment où plus rien en vous ne bouge : la tête, le cœur, le corps, tout le monde est d’accord. C’est STOP, on ne va pas plus loin. Et si on ne va pas plus loin, c’est qu’on est déjà allé bien trop loin, et pendant trop longtemps.
Un processus de dégradation progressive
Car c’est en fait la conclusion d’un processus progressif de « burn-in », pendant lequel nous brûlons à feu doux nos ressources internes, souvent sans en avoir conscience. Ce processus est plus ou moins long selon les personnes, les ressources physiques, et le niveau de stress.
Or, si le réel burn-out est facile à repérer, car les symptômes sont explicites et marqués, le burn-in en revanche est insidieux, car très progressif. Dans un premier temps, il passe inaperçu… et lorsqu’il s’accélère et devient visible, il est parfois déjà bien difficile d’en sortir seul, car une bonne partie de nos ressources sont entamées.
C’est comme la fable de la grenouille que vous plongez dans une marmite d’eau à feu doux : elle ne s’aperçoit pas de la température qui monte doucement et se laisse ébouillanter.
Bien que cette anecdote soit fausse d’un point de vue physiologique (bon courage pour faire rester une grenouille dans une casserole d’eau), elle illustre néanmoins parfaitement le côté pervers d’un processus progressif néfaste, détruisant petit-à-petit vos ressources sans que vous ne vous en rendiez compte.
Des voies de sorties avant la rupture ?
Dans mon expérience personnelle, j’ai eu de nombreuses occasions de sortir de la spirale de burn-in qui a duré plus de 18 mois (congé sabbatique, arrêt maladie, nouvelles opportunités, déménagement, …), mais étonnamment je n’ai jamais saisi ces perches. Je n’ai jamais perçu que l’eau devenait trop chaude et qu’il était temps de sortir de la marmite… Je pense que je n’ai jamais pris la réelle mesure de ce qui m’arrivait, et ai toujours eu l’impression que j’étais encore en capacité de tenir : « je vais y arriver », « juste quelques mois à tenir… ça ira mieux après ce projet, après telle deadline, après les vacances, etc… ».
Je n’ai surtout pas perçu à quel point mon mal-être s’initiait dans les autres sphères de ma vie et grignotait doucement les piliers qui me faisaient tenir.
Puis, est arrivé un moment où je n’ai plus eu ni l’énergie, ni le courage ni la confiance pour saisir ces perches tendues, ou chercher une voie de sortie. Alors j’ai continué, car je ne savais pas que faire d’autre.
Comprendre et enrayer le burn-out
Je vous propose ici quelques pistes de réflexions autour du burn-in et du burn-out, comme un thermomètre pour vous aider à vérifier la température de l’eau, et quelques éclairages sur les voies de sortie possibles, si ça devient trop chaud…
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