Comme vu dans l'article sur le stress, celui-ci est la résultante d'une évaluation inconsciente d'une situation. Or cette évaluation peut prendre en compte bien d'autres éléments qui vont influencer notre niveau de stress.
Le stress naît de l'évaluation que nous faisons d'une situation : quel est l'enjeu pour moi ? Qu'est-ce qui m'est demandé ? Ai-je les ressources nécessaires pour y faire face ? Lorsqu'il y a déséquilibre ressources < demande dans un enjeu qui a de l'importance, cela crée du stress.
Or, notre façon d’évaluer la situation intègre de nombreux filtres qui nous sont propres. Concrètement, l'évaluation se passe en deux temps :
nous prenons en compte des éléments factuels perçus par nos 5 sens,
et nous les analysons à partir de ce que nous connaissons (notre histoire, nos référentiels, nos expériences passées…).
(C’est d’ailleurs ce qui rend un élément nouveau souvent facteur de stress, car nous n’avons pas de référentiel approprié pour l’évaluer.)
L’analyse que nous faisons d’une situation est teintée de notre vécu, c’est comme si nous appliquions de façon systématique un filtre personnel, que nous regardions le monde avec des lunettes qui nous sont propres.
Une façon de gérer le stress est de faire un travail pour factualiser au maximum la situation, et pour identifier nos filtres à chaque niveau : enjeu, demande et ressources.
Perception de l'enjeu
La réaction physiologique au stress a pour conséquence de vous concentrer entièrement sur la situation, c’est-à-dire que votre attention est accrue sur l’objet ou la situation. Si c’est très utile pour mobiliser votre énergie sur la résolution du problème, ça a en revanche l’inconvénient de vous faire perdre la vision globale permettant la prise de recul.
💡 On peut alors prendre un temps pour remettre en contexte l’enjeu de la situation stressante : quel est l’importance réelle ? et que va-t-il se passer concrètement si la demande n’est pas satisfaite ?
👉 Par exemple il m’est arrivé dans mon expérience professionnelle pas si lointaine d’être fortement stressée par une analyse de marché que je devais effectuer dans un temps réduit. Faire bonne impression et bien faire mon travail est important pour moi. Mais qu’allait-il réellement se passer si je ne tenais pas cet engagement ? Il est probable que je n’aurais pas été renvoyée, et que l’entreprise ne se serait pas effondrée.
Il y a parfois dans le stress un sens d’hyper-responsabilité : comme si la survie du projet ou de l’équipe tenait à notre contribution. En tirant le fil « que va-t-il se passer si je ne réponds pas à la situation comme attendu », on peut souvent arriver à des problématiques qui vont toucher l’ego (on va penser du mal de moi, je ne vais pas être apprécié, je n'aurai pas de valeur, …).
Chacun est important dans une entreprise ou un foyer, mais il est utile d’apprendre à relativiser notre part. S’il est important d’être engagé et de faire de son mieux, une sur-mobilisation induisant du stress n’est à terme finalement pas productive, ni pour soi ni pour ceux qui nous entourent.
💡 On pourra éventuellement aller explorer plus profondément ces causes identifiées (pourquoi est-ce que je suis touché par cela, pourquoi le regard de l'autre est-il si important, quelle est la valeur que je me donne...), ce qui permettra d'apprendre à connaître le problème à sa source, et ne plus le laisser influencer notre perception à notre insu.
Perception de la demande
De la même façon que nous factualisons l’enjeu réel de la situation, nous pouvons nous efforcer de regarder de plus près ce qui est réellement demandé.
Un biais peut y être appliqué, entrainant une perception exagérée ou augmentée de ce qu’il y a à faire pour répondre à la situation. On retrouve particulièrement ce biais chez les personnes perfectionnistes.
👉 Par exemple, vous invitez des amis à diner. Vous devez prévoir le menu, cuisiner, choisir le vins, l'apéritif... Cela vous occupe une bonne partie de l'après-midi et vous n'avez pas beaucoup de temps. Un évènement sympathique devient stressant. Mais peut-être que la situation ne demande-t-elle pas tant d'effort : peut-être qu'un plat de pates convivial préparé 20 minutes avant pourrait-être parfait ? Quelle est ma perception de ce qu'il m'est demandé ?
Un deuxième biais agissant sur la perception de la demande peut être lié au facteur nouveauté. Si la situation ne m’est pas familière, je vais avoir du mal à juger la charge de travail ou d’énergie que représente ce qui m’est demandé. Et cela peut générer un imaginaire augmentant la réalité. La montagne parait toujours impressionnante lorsqu’on est au pied et qu’on ne sait pas comment la gravir.
À nouveau, factualiser ce qui doit être fait et les étapes permet de rendre le chemin plus clair et de rationaliser la demande.
💡 Face à chaque situation générant du stress : que m’est-il vraiment demandé ? et qu’est-ce que cela représente concrètement comme investissement de ma part ?
Perception des ressources
Le dernier biais, que l’on retrouve de façon très courante concerne les ressources. À la différence de l’enjeu et de la demande, nous avons tendance à percevoir nos ressources plutôt à la baisse par rapport à la réalité. Il existe plusieurs pistes d’explication à ce phénomène.
Tout d’abord le manque de recul que nous avons par rapport à nous-même et nos ressources, qu’elles soient extérieures ou intérieures. On passe souvent plus de temps à focaliser sur ce que nous n’avons pas, ce que nous ne sommes pas, que sur nos forces.
👉 Par exemple, poursuivons avec la situation précédente : vous devez organiser un diner mais ne savez pas cuisiner. Vous êtes stressé car vous pensez ne pas avoir les ressources nécessaires (en l'occurence pas l'expérience). Mais ce serait oublier d'autres ressources possibles : votre meilleur ami qui est un vrai cordon bleu et qui peut vous aider ou vous donner quelques trucs ! Ou encore tous les sites de cuisine qui vous guident pas par pas... Et peut-être même que vous vous découvrirez un nouveau talent jusque là inconnu ! Bref, vos ressources sont parfois plus larges que ce qu'on imagine.
💡 Devant une situation stressante, prendre le temps d’identifier l’étendue de vos ressources, intérieures et extérieures.
Les ressources sont de nature multiple : qualités personnelles, expertises acquises, réseaux et contacts, supports matériels, soutien émotionnel et entourage, …
A ce titre, il est particulièrement intéressant de connaitre nos ressources personnelles, car elles constituent un socle sur lequel s’appuyer. Elles constituent également notre zone de confort, qu’il est important d’identifier pour pouvoir s’y ressourcer.
Une autre piste pour comprendre ce qui nous amène à minimiser nos ressources est le problème d’estime de soi et de confiance en soi. Il est possible dans une situation perçue comme stressante que vous soyez tout à fait capable de répondre à la situation, mais vous n’ayez pas assez confiance en vous pour vous en apercevoir.
💡À nouveau, un temps de prise de recul pour faire la part des choses sera très aidant. Mais un travail vous permettant de développer et assoir votre confiance en vous et votre estime sera clé pour apaiser votre stress.
Les profils sujets au burn-out
En observant ces différents biais de perception se dessinent des profils qui vont être particulièrement sensibles au stress et donc sujets à des burn-out :
des personnes dont le travail est important pour eux (fort enjeux) ;
des profils « bons élèves » ;
des profils perfectionnistes (exagération de la demande) ;
des personnes ayant peu confiance en elles ou une faible estime d’elles-mêmes (minimisation des ressources).
Il n’y a rien d’inéluctable cependant. Tous les « bons élèves » ne font pas de burn-out. Et si une spirale de stress chronique démarre, il existe toujours des éléments permettant d’enrayer le processus afin de retrouver un équilibre intérieur.
Comentarios