top of page

3 - La physiologie du stress

Le burn-out est l’issue d’un processus progressif d’épuisement des ressources (burn-in) face à un stress récurrent. Pour bien appréhender comment cette spirale d’épuisement fonctionne, il faut comprendre comment notre corps réagit et revenir aux fondements du stress.




Origine : un processus pour garantir la survie


Le premier stress qu’a connu l’homme a été lié à sa survie : se défendre contre des prédateurs, s’adapter à un environnement parfois hostile, chasser pour se nourrir… Pour survivre, l’homme a instinctivement développé 3 types de réponse : le combat, la fuite, ou l’inhibition.


En cas d’attaque par exemple, l’homme (comme l’animal…) va instinctivement :

  • affronter son assaillant s'il s'en sent capable : combat ("fight") ;

  • se mettre à courir pour essayer de lui échapper si le combat n'est pas souhaitable : fuite ("flight") ;

  • s'il n'y a aucune autre solution, en dernier lieu il recourt (inconsciemment) à l'inhibition d'action et se fige ("freeze").

Cette dernière réponse, a l'avantage de diminuer le niveau de sensibilité (et donc la souffrance) et de laisser une chance à l'homme puisque beaucoup de prédateurs peuvent délaisser une proie qu'ils croient déjà morte. Cette troisième voie s’illustre aujourd’hui par une personne se figeant lorsqu’une voiture lui fonce dessus.


Bien que le choix se fasse de façon instinctive, chacune de ces réponses nécessitent une forte mobilisation d'énergie, quii se déroule en 3 temps : alarme, résistance, repos.


L'alarme

Dès la perception du danger, l’organisme réagit rapidement en libérant de l’adrénaline et noradrénaline (hormones catécholamines). Celles-ci permettent :

  • d’analyser le danger pour choisir la réponse la plus appropriée (augmentation de la concentration et de la vigilance) ;

  • de préparer cette réponse en priorisant l’afflux sanguin et l’oxygène vers les organes et muscles qui vont être sollicités (augmentation du rythme cardiaque, de la tension artérielle pour la fuite par exemple).

👉 C’est ce moment où l’homme préhistorique parti cueillir des baies entend le grognement. En un quart de seconde, il arrête tout, ses sens sont à l’affut pour analyser le bruit perçu, ses pupilles se dilatent, et son cœur bat la chamade. Il est prêt à bondir.


La résistance

Peu de temps après l’alarme, le corps se met à produire du cortisol, l’hormone du stress. Secrété par les glandes surrénales, le cortisol a pour but d’aider à maintenir un niveau d’énergie suffisant dans la durée (notamment dans les zones nécessaires comme les muscles, cœur, cerveau), en convertissant du gras en sucre.


👉 A ce moment, notre homme préhistorique s’est aperçu qu’il a croisé la route d’un prédateur et a pris la fuite. Le cortisol s’assure que les muscles des jambes reçoivent le coup de boost nécessaire pour aller le plus vite possible et ainsi permettre la survie.


L'autorégulation et le retour au repos

Une fois le danger passé, la sécrétion de cortisol s’autorégule : des récepteurs du système nerveux central détectent les quantités d’hormones libérées dans le sang, et adaptent en fonction la production. La situation de stress est maintenant terminée et résolue. Le corps revient au repos.


👉 Notre homme préhistorique a pu semer son prédateur et retrouver son foyer en toute sécurité.


 

Un processus indifférencié


Le stress en lui-même n'est donc pas négatif, ce fonctionnement bien rodé a permis à l’homme de survivre et de s’adapter à son environnement jusqu’à nos jours.


Le problème en revanche est que cette réponse est « indifférenciée », c’est-à-dire que notre organisme produit toujours ces mêmes hormones du stress, quel que soit le stress. L’attaque d’un lion ou une demande impromptue de votre supérieur auront le même effet sur votre système : production d’adrénaline et cortisol (à une intensité différente quand même…).


Le problème ne vient donc pas du stress, mais de la répétition de celui-ci. De nous jours, nous sommes sans cesse confrontés à des sources de stress, et notre organisme n’est tout simplement pas adapté pour fonctionner en sur-régime perpétuel.

Lorsque le stress se répète et n’est pas résolu, les glandes surrénales produisent de façon régulière du cortisol, les capacités du corps sont débordées et l’autorégulation ne fonctionne plus.


Le corps est sans cesse envahi d’hormones activatrices, qui, à trop haute dose, deviennent contre-efficaces voire nuisibles et induisent de nombreux symptômes (chute du niveau de sérotonine, fonctionnement altéré des synapses et connexions entre les neurones, … ).

On peut alors entrer dans une phase de burn-in, dont les symptômes vont en grande partie être liés à ces dérèglements hormonaux.


A terme, cette spirale de surproduction de cortisol peut même conduire à l’épuisement des glandes surrénales, et la chute du niveau de cortisol qui s’en suit se traduit par la chute d’énergie : c’est le burn-out. Le moment où, malgré le stress plus rien en vous ne bouge, vous n’êtes plus en mesure de répondre au stimulus.


 

Cette spirale du burn-in&out a donc une réalité physiologique bien précise. Et si notre organisme répond au stress de manière indifférenciée, l’enjeu pour nous est de mieux comprendre les sources et natures de ce stress : qu’est-ce qui le génère et pourquoi ? comment apprendre à le gérer pour éviter de lancer le mécanisme d’adaptation de notre corps ?



-> Pour aller plus loin :



bottom of page